CAMARGUE

Les ballets roses des flamants

 

 

 

 Le delta du Rhône, entre les Costières du Gard et la plaine de la Crau, cet ancien delta de la Durance, couvre 145 000 ha : c'est la Camargue."un milieu qui semble naturel, mais en réalité entièrement géré par l'homme"précise Frédéric, guide naturaliste. C'est ici, et plus précisément à l'étang du Fangassier, que se déroulent chaque printemps les ballets roses des flamants. En mai 2010, 10 000 à 15 000 couples s'y sont rassemblés pour nicher.

 

 

UNE REPRODUCTION UNIQUE EN FRANCE

"La Méditerranée française représente la limite nord de la zone de reproduction du plus grand oiseau de France (le flamant rose peut atteindre jusqu'à 2 m de haut), et depuis fort longtemps, les îlots de Camargue étaient pour lui un lieu idéal, lui offrant la sécurité dont il a besoin". Cependant, l'endiguement du Rhône vient bouleverser la formation des îles, et les crèches disparaissent... C'est à la fin des années 60 qu'une colonie s'installe sur un îlot du Fangassier ; elle s'y trouve malheureusement à l'étroit. La Tour du Valat, en accord avec la Compagnie des Salins, fabrique alors 500 nids artificiels sur un îlot de l'étang, qui devient rapidement un lieu de prédilection pour la ponte des flamants roses. Il y a deux ans, Les Salins vendent le Fangassier  au Conservatoire du Littoral, et l'étang est désormais un terrain inaliénable."Un lieu qu'il faut absolument garder inaccessible au public", commente Frédéric qui nous accompagne au plus près de la colonie, c'est-à-dire à environ 800m . De nombreux oiseaux sont visibles en chemin : échasses blanches installées sur leur nid, mouettes, goélands, hérons cendrés, aigrettes garzettes, guêpiers d'Europe, gobemouches noirs... Nous suivons le ruisseau qui servait autrefois à acheminer le sel, et qui aujourd'hui évacue les eaux de pluie, jusqu'aux ruines d'un poste de douane datant du 17ème siècle. Et bien avant d'apercevoir les flamants roses, nous percevons le brouhaha de leurs cancanements.

 

La balade se termine ici. (photo ci-dessusDevant nous, la mer, l'observatoire de la Tour du Valat, et sur les îlots, l'énorme et bruyante masse rose des flamants. Avec la lunette de Frédéric, on les distingue un peu mieux, agglutinés les uns aux autres, piétinant sur leurs longues échasses rouges, ouvrant de brefs instants leurs ailes cramoisies, allongeant leur cou démesuré pour interpeller le voisin en vociférant.

UNE COLLABORATION TRES ETROITE DES PARENTS

"Ils vont commencer à pondre, un seul oeuf, couvé par les deux adultes à tour de rôle. La nidification et l'élevage sont les période de la vie d'un oiseau où il est le plus vulnérable, d'où une collaboration très étroite des parents. Le flamant rose a peu de prédateurs : goélands et renards qui s'attaquent aux oeufs et aux jeunes poussins ; mais ils peuvent se révéler redoutables". L'oisillon nait 28 jours plus tard, et ne ressemble guère à ses géniteurs ; recouvert d'un duvet gris, il possède un bec droit."Il est nourri par ses parents avec le" lait de flamant", un liquide sécrété par leur jabot, de couleur rouge, riche en lipides et protéines, et contenant quelques produits sanguins ; puis avec de petites crevettes (artemia salina) broyées". Son bec s'incurve à 10 ou 11 semaines, quand poussent les plumes de vol. "Le couple est fidèle une saison. Les flamants ont une espérance de vie de 60, voire 80 ans, et ne se reproduisent pas avant 6 ou 7 ans. Grâce au baguage, on s'est aperçu que 50% des flamants roses quittent la France en période de migration, contre 80% il y a 20 ans".

UN SOUS-PRODUIT DU SEL

Ici, la vie des flamants roses, totalement dépendante des lagunes salées, est liée à l'activité de la Compagnie des Salins. "Elle exploite le sel pour la chimie et construit des digues autour des étangs dont elle règle le niveau d'eau par pompage, pour l'extraction". Or, la gestion de l'eau coûte cher, et les Salins ont un contrat avec le Conservatoire du Littoral jusqu'en 2011."Ils pompent encore l'eau du Fangassier pour assurer la reproduction des flamants, que l'on peut qualifier de "sous-produit du sel". Mais après ? Les oiseaux de feu restent un attrait touristique, et Aigues-Mortes qui récolte le sel de table commercialisé sous le nom de "La Baleine", envisagerait également de leur construire un îlot..."

LA TOUR DU VALAT  en savoir plus

Luc Hoffmann
Luc Hoffmann

 

 En 1947, Luc Hoffmann, docteur en biologie, acquiert le domaine de la Tour du Valat. Passionné d'ornithologie, il entreprend le baguage et l'étude des oiseaux, et en 1954, la station biologique de la Tour du Valat devient un centre officiel de recherche.

 

(A lire : "Luc Hoffmann, l'homme qui s'obstine à préserver la terre". Le parcours du fondateur de la station biologique de la Tour du Valat.)

Le domaine couvre aujourd'hui plus de 2600 ha, et son activité s'est étendue à l'étude des zones humides méditerranéennes, comprenant, outre l'ornithologie, l'hydrologie et la botanique. Sa préoccupation primordiale : "mieux comprendre les zones humides, pour mieux les gérer". Fondation à but non lucratif, en partenariat avec des organismes tel que le WWF ou Fauna & Flora International, reconnue d'utilité publique depuis 1978, la Tour du Valat est également un centre de documentation doté d'une remarquable bibliothèque. On peut découvrir la Tour du Valat lors de ses journées portes ouvertes qui se déroulent 2 fois par an, en particulier lors de la Journée Mondiale des Zones Humides, en principe le 1er dimanche de février.

 

 

 LE BUREAU DES GUIDES NATURALISTES

      DECOUVERTE DU TRIANGLE D'OR

Le Bureau des Guides Naturalistes organise des visites guidées, en français et en anglais toute l'année, à la découverte du Triangle d'Or : Alpilles, Crau et Camargue. Visites programmées ou demande à la carte. 

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