A Baudinard, le sentier des charbonnières est un circuit de 2 kms en boucle au-dessus du Verdon sur le domaine des Eouvières, un terrain appartenant au Conservatoire du Littoral. Il évoque ce métier des charbonniers disparu depuis une cinquantaine d'années, le charbon de terre étant venu remplacer le charbon de bois. Par ailleurs sentier botanique doublé d'un parcours santé, il s'enfonce dans la forêt jusqu'au belvédère sur la retenue du lac Sainte Croix.
MAITRE DE L'AIR ET DU FEU
Panneaux explicatifs, reconstitution d'une petite meule traditionnelle, cabane de charbonnier, fours métalliques... Un aperçu de la vie du charbonnier qui travaille sept jours sur sept, entouré de sa famille.
Maitre de l'Air et du Feu, homme de la forêt dont il tire sa subsistance et où il a élu domicile, il est indissociable de son milieu. Transformant le bois en charbon, il fabrique une énergie précieuse, légère et facilement transportable, tant pour les artisans que pour les besoins domestiques.
La technique de la meule est la plus ancienne. "Elle semble être connue depuis toujours et son usage défie le temps". (Transformer et habiter la forêt. Les sites de charbonnage dans le Var. Ada Acovitsioti-Hameau).
Après avoir monté la cheminée centrale, on édifie la meule autour en empilant le bois, principalement du chêne, à la verticale en cercles concentriques. Puis on recouvre de branchages, feuilles et terre brûlée imperméable résultant d'une charbonnière précédente (le frassin). La carbonisation s'effectue du haut vers le bas, sous la surveillance constante du charbonnier. La combustion, réglée en ouvrant ou bouchant les trous d'aération, doit être lente, régulière et incomplète.
Ce travail de spécialiste, fruit d'une longue expérience et réclamant une attention sans faille, prend un nouvel essor entre 1870 et 1930, avec l'arrivée des charbonniers italiens, relayés vers 1940 par des immigrés espagnols, portugais et marocains.
Plusieurs jours sont nécessaires pour élaborer une meule, et selon sa taille, la carbonisation peut prendre une ou deux semaines.
A partir de 1930 apparaissent les fours métalliques. L'empilement du bois y est plus facile, la surveillance moins contraignante, et les cycles sont plus courts : de 24h à 48h. "Toutefois ces progrès, tout relatifs, vers la sécurité et le confort, sont souvent considérés comme des concessions à la qualité du produit et à la noblesse du métier." (Transformer et habiter la forêt. Les sites de charbonnage dans le Var. Ada Acovitsioti-Hameau)
VIE EN FAMILLE SUR LE LIEU DE TRAVAIL
Le charbonnier vit sur place avec sa famille, se déplaçant au gré des coupes. Femmes et
enfants participent activement au travail avec l'ébranchage des bûches, la coupe du petit bois, la confection des fagots, le transport des feuilles, et la
surveillance de la meule durant le repos des hommes. Au printemps, ils écorcent les chênes pour le traitement des cuirs dans les tanneries.
Pas de meule sans cabane. Elle est construite par le charbonnier avec les matériaux trouvés sur place, parfois à partir d'éléments naturels, voire dans une grotte. Elle est basse et large. Fondations et pignons de pierres sèches. Pour la toiture, une armature de en bois soutient une couverture de branchages et de cette même terre brûlée utilisée pour la meule.
Dans ces zones où ont vécu et travaillé les charbonniers, bien souvent des forêts de chênes abritées du vent et proches d'un point d'eau, on repère encore, sur des espaces plats, les anciens sites de meules. La végétation peine à y repousser sur une terre grasse et sombre.
UN SENTIER BOTANIQUE VERS LE VERDON
La balade peut s'effectuer en toutes saisons, mais elle est particulièrement agréable au printemps, quand toutes les nuances de vert émaillent les collines environnantes, et que les fleurs commencent à s'ouvrir çà et là le long du chemin.
Le sentier débute à quelques pas du village sur la rive gauche de la rivière, en face d'un champ de lavande. Il s'enfonce de suite dans les sous-bois peuplés de chênes verts (éouves en provençal), pins d'Alep, pistachiers lentisques, buis et rouvets blancs.
Une végétation dense, épineuse, avec asperges et petite houx. Parfois, le regard s'échappe par une trouée laissant entrevoir un petit coin de bleu : le lac Sainte Croix niché au creux des monts du Verdon, ces contreforts des Alpes.
En ce mois d'avril, iris nains, jaunes et violets, et bouquets de thym viennent égayer le sol, tandis que la fritillaire, plus discrète, se dissimule à l'ombre des rocailles.
Le sentier descend soudain de façon plus abrupte vers le belvédère, et la vue s'élargit alors pour embrasser gorges de Baudinard, barrage, massifs et lac...