Le 22 juillet 2009, s'est déroulée la traditionnelle procession de l'Hotellerie à la Grotte de la Sainte Baume, en l'honneur de Marie Madeleine. Point fort des festivités qui ont lieu cette semaine entre Nans Les Pins et Saint Maximin pour célébrer cette sainte, dont la personnalité à multiples facettes, reste encore aujourd'hui très mystérieuse.
Les porteurs de reliques de Marie Madeleine se sont relayés tout au long du parcours. Parmi les reliques conservées à la Sainte Baume, on note l'extrémité inférieure d'un tibia droit, un petit éclat osseux de la boite crânienne, et quelques cheveux enroulés, conservés dans un tube de verre.
Selon la légende, Marie de Magdala, du nom du château reçu en héritage de ses parents en Galilée, abandonne sa vie de luxe et de plaisir pour suivre le Christ. Après la mort de Jésus, chassée de Palestine, elle arrive avec sa soeur Marthe, Marie Jacobé et Marie Salomé, sur "une barque sans rames ni voiles", aux Saintes Maries de la Mer, ou à Marseille. Après avoir évangélisé la région, elle vient finir ses jours à la Grotte.
La grotte (baume en provençal) de Marie Madeleine, nichée au coeur de la barre rocheuse, lui a donné son nom. Cette falaise calcaire toute entière est creusée de cavernes, puits et gouffres, dont certains, comme le Petit Saint-Cassien, sont de renommée mondiale. Formé par le déplacement de la péninsule ibérique il y a 65 millions d'années, le massif présente des couches renversées, dont l'étude par les géologues est relativement récente. De nombreux cours d'eau y prennent leur source : l'Huveaune, le Caramy, l'Issole, le Gapeau... Découverte Sainte Baume
Depuis les temps les plus reculés, la Sainte Baume est un lieu sacré, et les druides y célébraient déjà leur culte, qui accordait à la lumière une importance toute particulière, en tant qu'expression des Forces de la Nature.
Au Moyen Age, le pélerinage à la Grotte est censé assurer la fécondité aux femmes. Une croyance à rapprocher du culte d'Artemis, représentée avec un grand nombre de seins, mais qui portait en fait un collier d'oeufs, symbole de fécondité. Une autre grotte existe dans le massif, appelée "grotte aux oeufs".
Alternant chants et moments de recueillement, les pélerins ont pris le chemin des Roys, qui s'élève à partir du carrefour des Chênes. Une ascencion dans la pénombre de l'épaisse forêt, quasi-inviolée, où règne une humidité propice aux mousses et aux lichens, sous le couvert d'une végétation inhabituelle en Provence, rassemblant tilleuls, érables et pins ; chênes, hêtres et ifs, dont certains seraient centenaires.
La pieta monumentale du parvis a été réalisée en 1932 par Marthe Spitzer. Exposée quelques semaines devant l'église de la Madeleine à Paris, elle arrive par le train en gare de St Zacharie. Des attelages de chevaux la conduisent jusqu'au pied de la grotte, avant d'être hissée en haut des escaliers par des palans.
Sur le parvis, Monseigneur Aillet, évêque de Bayonne, s'apprête à pénétrer dans les saints lieux, entouré des religieux.
Des centaines de pelerins ont assisté à la messe dans la grotte aussi nommée "antre pleureur", en raison de l'eau qui suinte en permanence à l'intérieur. Aménagée au 13 ème siècle, elle peut contenir un millier de personnes. Une dizaine de papes et quelques dizaines de souverains sont venus s'y recueillir.
Les années passent... Les cultes se succèdent sur cette montagne sacrée dont l'orientation est-ouest suit la course du soleil ; dont les orages violents en font un lien entre la terre et le ciel ; dont la ténébreuse forêt laisse filtrer une mystérieuse lumière ; et dont les innombrables sources symbolisent la vie. De quoi rendre mystiques quelques athées...
La présence des catholiques à la Sainte Baume remonte à Saint Cassien, qui y fonde un premier prieuré vers 415. Les cassianites, moines contemplatifs, reçoivent alors les pélerins venant à la grotte. Sous le Signal des Béguines, point culminant de la chaine, est fondé à la même époque un couvent de religieuses cassianites (A noter que les "béguines" étaient des femmes ayant embrassé une vie communautaire religieuse, sans toutefois prononcer de voeux). En 1295, Charles II, avec l'appui du pape Boniface VIII, installe les Dominicains à Saint Maximin et à la Sainte Baume. Ils y resteront jusqu'à la Révolution, date à laquelle le bâtiment est entièrement détruit. En 1859, le Père Henri-Dominique Lacordaire rachète le couvent de Saint Maximin, et réinstalle les Dominicains à la grotte. Il fait également construire l'Hotellerie dans la plaine, au pied du massif. Actuellement, 7 Dominicains assurent l'accueil des pélerins, tant à la grotte qu'à l'Hotellerie.
A l'occasion du 150ème anniversaire du rétablissement de leur présence, une exposition est présentée à l'Hotellerie jusqu'au 31 décembre 2009 : "Sainte Baume Terre d'Histoire, Sainte Baume Terre de Pélerinage". Elle retrace l'histoire de Marie-Madeleine et de la Sainte Baume ; des visiteurs célèbres de la Sainte Baume ; des Dominicains.
Dernier hommage de la semaine à Marie-Madeleine, ce 26 juillet 2009, dans la basilique de St Maximin, au cours d'une cérémonie présidée par Monseigneur André-Mutien Léonard, évêque de Namur en Belgique. Devant une foule recueillie, le Père J.Pierre Ravotti a dressé le portrait de la sainte, dont les reliques ont ensuite été transportées en procession dans les rues du village, selon la tradition.
Le corps de Sainte Madeleine aurait été enterré à Villa-Latta, bourgade gallo-romaine qui prendra le nom de Saint Maximin à la mort de ce dernier.
Les tombeaux des deux saints, dissimulés lors de l'invasion des Sarrazins, seront officiellement reconnus au 13ème siècle, par les évêques d'Arles et d'Aix en Provence.
La première pierre de la basilique actuelle, construite sur l'emplacement des tombeaux, est posée en 1295, et les reliques de Marie Madeleine sont transférées dans la crypte en 1860.
Le couvent attenant est alors occupé par les Dominicains, gardiens du tombeau.
De nombreux travaux de réhabilitation sont en cours à la basilique, et devraient se poursuivre jusqu'en 2010.
Parallèlement, deux projets ont été soumis à la municipalité par l'association "Les amis de la basilique" : un comptage des visites, soulignant le fait que l'édifice est le premier lieu de visite du Var ; depuis 2008, instauration de l'académie d'orgue, qui permet la découverte de l'orgue de la basilique, l'un des rares en Europe à avoir conservé ses 2960 tuyaux d'origine.