UN PARC NATUREL REGIONAL EN PAYS SAINTE BAUME (83/13)
2ème partie
Mazaugues : "ça urge ! "
Tous les projets prévus sur les communes pressenties pour le P.N.R. du Pays Sainte Baume ne sont pas compatibles avec le futur label. A Mazaugues, le dossier concernant la création d'une carrière et d'une décharge sur une zone aquifère est actuellement à l'étude à la préfecture. Des projets inacceptables pour les élus et les habitants. Comme l'expliquait Robert Durand, de l'association "Environnement Méditerranée" et géologue lors de la fête du Futur Parc : " Cette zone aquifère est d'une importance patrimoniale primordiale pour cette partie du département, mais aussi pour les communes du littoral." Les objectifs du P.N.R. pourront-ils prendre de vitesse ces projets en cours, et les faire annuler ? Comme l'a fait remarquer le public, pour Mazaugues "ça urge !"
LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ET LES RESSOURCES EN EAU
Robert Durand a énoncé quelques statistiques établies ces dernières années, mettant en évidence l'augmentation rapide des températures globales sur Brignoles et Toulon, et par conséquence, la raréfaction des précipitations. "L'augmentation de 2° à 4°, retentira en priorité sur notre région. Certes, il y aura encore de fortes précipitations épisodiques, mais leur fréquence va baisser dans le temps, et les périodes de sécheresse seront de plus en plus longues. La canicule de 2003 ne fait qu'annoncer ce qui nous attend."
Quiconque se promène régulièrement dans les Gorges du Carami remarque qu'en période estivale, il est désormais complètement à sec sur plusieurs kilomètres de son parcours. "Un phénomène qui ne se produisait dans le passé qu'une ou deux fois par siècle." Les eaux souterraines constituent une réserve d'eau douce inestimable. "Elles représentent, en dehors des glaciers et calottes glaciaires, 97% de notre réserve mondiale. En Union Européenne, c'est plus de 50% du débit annuel des rivières (90% en période d'étiage), et elles alimentent 75% de la population. Leur détérioration affecte directement les eaux de surface et les écho-systèmes terrestres."
TROIS MILLIONS DE M3 D'EAU
Protéger le massif de la Sainte Baume, c'est protéger la zone aquifère la plus importante du Var, soit plus de 3 millions de M3 d'eau. Dans ce terrain karstique, les eaux de pluies s'infiltrent, dissolvent la roche, creusent des puits, des grottes, et créent un important réseau de rivières souterraines. "Ces eaux peuvent descendre à plusieurs dizaines ou centaines de mètres à travers les grands lapiaz du Carami. Les sources, dans les gorges, sont l'alimentation majeure du Carami l'été.Celle de La Figuière débite plus de 150l/seconde, même en période de sécheresse, la source Lieutaud 20l à 30l ; celle des Lecques est captée pour alimenter Tourves. Du côté sud, on compte plus d'une dizaine de résurgences, dont celles du Bestouan et de Port Miou, qui sont de véritables fleuves sous-marins."
"Dans le Var, le barrage de Carcès, via le Carami, alimente plus de 300 000 habitants, sur les communes de : Bormes les Mimosas,Carqueiranne, Collobrières, Hyères, La Crau, La Londe les Maures, La Seyne /Mer, La Valette, Le Lavandou, Le Pradet, Pierrefeu, St Mandrier, la ville de Toulon, et sa base de Marine Nationale."
LA BAUXITE
C'est sur ce terrain karstique autour du Carami que se sont développées les mines de bauxite au début du 19ème siècle. "Ce minerai dont on tire l'aluminium, était auparavant connu comme brique réfractaire". Exploitée par Péchiney, la bauxite fera vivre des milliers de personnes, "les Gueules Rouges". La dernière mine fermera en 1990, victime de la concurrence étrangère.
"Il reste des dizaines de kilomètres de galeries, et des salles de dépilage : des vides énormes qui recoupent les rivières souterraines. Certaines de ces mines, qui ne sont pas inondées, sont restées telles quelles, avec le matériel en place. On peut imaginer, dans le cadre d'un P.N.R., y organiser des visites minières".
DES ESPECES PROTEGEES
Les gorges du Carami, ce canyon du Verdon en miniature, sont fréquentées par spéléologues,randonneurs, chasseurs et pêcheurs. Les collines couvertes de pins d'Alep, chênes verts et pubescents, ou de garrigue, abritent orchidées et lis martagon, ainsi que des insectes qui se raréfient comme la diane ou le lucane cerf volant. On peut encore y apercevoir, à la tombée du jour, le hibou grand duc. "Les grottes présentent des concrétions importantes : un patrimoine à conserver. Et dans certaines salles de dépilage, se sont installées des colonies de plus en plus nombreuses de chauves-souris, mammifères protégés".
CARRIERE ET DECHARGES EN PROJET
Les habitants de Mazaugues et de Tourves ne décolèrent pas, et s'élèvent formellement contre les projets en cours d'étude : une carrière de 400 000 tonnes pour une durée de 20 ans avec une décharge inerte ; et une décharge de classe 2, c'est-à-dire pour les ordures ménagères. Le site d'implantation prévu : les anciennes zones d'exploitation des bauxites. Robert Durand se défend d'être contre carrières et décharges en général, mais conteste essentiellement le site choisi. "Nous sommes pour la mise en place d'un développement durable, par la reprise des anciens dépôts de décapage, sans affecter la ressource aquifère". Quant au problème de la décharge pour les ordures ménagères , "on peut s'en passer grâce au tri sélectif et au recyclage (qui permettent la diminution des tonnages), au compostage des déchets verts, ou l'incinération avec les techniques modernes, qui est source d'emplois et de production d'énergie".
Martin Bidouré : "vive l'incinération? Quid du réchauffement climatique ?"
Voir le film "La France de l'incinération" par marieurbain : " Il existe 134 usines d'incinération en France. Les fumées qui s'en échappent font polémiques. Danger environnemental ou vapeur d'eau ? "
"L'incinération constitue-t-elle un traitement ultime des déchets ?"
Les communes se regroupent... l'information circule... La question reste en suspens :"le préfet aura-t-il le courage de résister aux pressions industrielles ?"